Nous avons consacré la fin de l’année 2024 à la production du livrable de notre phase d’expérimentation : vous y retrouverez un rappel des épisodes précédents, les retours sur les tests (le dialogue de gestion augmenté carbone et l’esquisse d’un conventionnement intégrant un plan de progrès avec les partenaires culturels) ainsi que l’ensemble des outils produits.

Fin septembre 2024 a eu lieu un ultime Copil à Clermont-Ferrand, en présence des acteurs du programme, des élues aux Finances, à la Culture, et aux Transitions, de la nouvelle directrice du Développement durable, ou encore de la personne en charge de la préfiguration du futur pôle ressource de la direction de la Culture, qui intégrera ces questions de budget carbone. Une occasion de rebalayer la méthodologie et les apprentissages et d’interroger les perspectives de poursuite de la démarche, autant sur le plan technique que politique.

Nous y apprenons notamment que si les tests ont été menés sur la phase de suivi d’exécution budgétaire, la dynamique s’est tout de même poursuivie pendant les conférences budgétaires techniques : l’ensemble des directions se sont présentées avec des propositions d’actions de décarbonation. La Direction de l’Innovation et à la Participation citoyenne (DIP) et la Direction du Développement Durable et de l’Énergie (3DE) ont toute deux été conviées aux échanges, ramenant un ensemble de données chiffrées pour éclairer les débats, et soutenir la « culture carbone » de la collectivité.

Des interrogations sont aussi formulées sur la capacité à suivre la trajectoire (réduction de 4 % par an des émissions de GES d’ici 2030) au regard de l’impact des actions déjà menées, et pour les acteurs culturels, à porter des actions significatives dans un contexte de fragilité économique. Objectiver les actions de décarbonation menées par la Ville, c’est aussi rendre toujours plus visible l’ampleur de la tâche. Si les outils peuvent permettre de mieux visualiser les données, de continuer à mobiliser les directions autour des actions à mener, et de renforcer les coopérations entre directions, reste à valider dans le temps la transformation des pratiques.

The Solar Share: Redefining the Economy Through Photosynthesis

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Un dernier pour la route ?

En novembre 2024 s’est tenu le 4ème et dernier groupe miroir du programme, pour partager les retours à d’autres collectivités, et autres acteurs de ces sujets. Les échanges ont à nouveau permis de souligner les effets produits au sein de la collectivité : en plus de la poursuite de l’accompagnement des directions dans leurs actions de décarbonation, nous pouvons noter la volonté de faire émerger plusieurs postes dédiés au sein des services, de rechercher ou concevoir un outil numérique intégré au logiciel de gestion pour viser une automatisation et sortir de pratiques « artisanales », de mettre en pratique le test sur le conventionnement avec un ou deux opérateurs culturels désignés, et de transposer la dynamique engagée auprès de l’administration au niveau des des élu.es, pour ne pas décorréler la décarbonation des autres sujets.

On retient également des interrogations sur les façons de communiquer sur ces démarches, que ce soit en interne lors des votes du budget, auprès des élu.es et de l’administration, mais aussi sur la manière de mettre en lumière ces travaux auprès du grand public. Enfin comment transmettre les enseignements qui peuvent bénéficier à d’autres types de collectivités, participer à l’élaboration de référentiels communs, souligner les liens à faire avec la CSRD et la transposition au secteur public...

L’occasion de repréciser le parti pris « carbone-centré » de l’expérimentation, focalisée sur l’organisation de la collectivité, pour travailler en amont les dimensions de transformation (des organisations, des services, des métiers et compétences, et des coopérations à engager). Et de rappeler les autres démarches engagées par la collectivité plutôt au niveau du territoire, sur des sujets comme l’adaptation au réchauffement climatique ou la biodiversité.


Et maintenant ?

Déjà on se retourne (avec un peu d’émotion) sur cette réflexion sur la repolitisation des outils de gestion comptable, et des autres indicateurs extra-financiers, engagée dès 2020. Nous nous situons alors dans une période de foisonnement et de tâtonnement qui s’est traduite par des initiatives ambitieuses au sein des collectivités territoriales, autour de la décarbonation, des budgets verts et genrés, de la biodiversité, de l’articulation des limites planétaires et de la justice sociale avec la théorie du donut, ou de protocoles de redirections écologiques.

Le paysage en ce domaine s’est donc relativement transformé, et même si les effets produits peuvent sembler modestes rapportés à la marche à franchir, ils participent à un indéniable mouvement de conscientisation et de mise en action des acteurs publics, comme souvent pionniers en la matière.

Face à un contexte défavorable (instabilité politique et budgétaire, recul sur la CSRD, incertitudes sur le « Fond vert », sur les indicateurs et le calendrier du PNACC, etc.), nous espérons que ces travaux et les hypothèses testées pourront être reprises et déployées par d’autres pour interroger le pilotage écologique et social des collectivités et soutenir les ambitions de coopération avec les acteurs territoriaux.